Le Choa est une région montagneuse de hauts plateaux située au cœur de l’Éthiopie actuelle, qui a connu plusieurs capitales de province successives, Debré Berhan, Antsokia, Ankober*, Entotto puis Addis-Abeba, devenue depuis la capitale de l’Éthiopie.
On se souvient que Rimbaud avait été fasciné par l’exposition londonienne consacrée au Négus Negest Théodoros II (1818-1868), lequel avait envahi le royaume du Choa en 1855 (→ British Museum) avant de se suicider d’un coup de revolver* devant sa défaite inéluctable contre les Anglais, destin follement romanesque qui aura contribué à nourrir bien des rêves chez le jeune Arthur. Quelques années plus tard, il se confronte à la dure réalité. Depuis « la porte du Choa », dans la ville sainte de Harar*, il entreprend des explorations commerciales, géographiques et ethnographiques vers ce territoire lointain et mal connu du Choa, difficile d’accès, sur des pistes réputées mortelles. Il organise des caravanes dont la plus désastreuse transporte un chargement d’armes pour Ménélik II*, supposé résider en son « palais » d’Ankober*.
Depuis les côtes de la mer Rouge jusqu’au Choa, des pages d’histoire se dessinent et se tournent pendant la décennie Rimbaud. Les Égyptiens sont forcés de quitter leur possession sur Harar, les Anglais occupent la côte de Suez jusqu’au pays somalien de Pount (→ Djibouti), les Français installent une présence militaire dans la baie de Tadjourah*, et Ménélik devient Négus Negest, repoussant les limites du Choa à plusieurs régions lointaines, dont Harar. Pour Rimbaud, Ménélik et Choa évoquent son pire épisode d’épuisement physique et financier, un sombre souvenir qu’il emportera dans son ultime voyage vers Marseille*, en 1891.