Le 19 juillet 1870, redoutant la candidature d’un prince prussien au trône d’Espagne, l’Empire français déclare la guerre au royaume de Prusse et à ses alliés, Wurtemberg, Hesse, Saxe, etc. L’armistice met fin aux combats le 28 janvier 1871 avec la défaite de la France, armistice qui sera entériné par la signature d’un traité de paix le 10 mai suivant à Francfort-sur-le-Main. Forts de cette victoire, les États allemands se sont unis en un Empire proclamé le 18 janvier 1871 au château de Versailles, et ont annexé le territoire d’Alsace-Moselle.
Même s’il ne se sent pas directement impliqué, le jeune Arthur vit non loin de la zone d’hostilités. L’illusoire offensive impériale française du 2 août 1870 lui inspire, ironique, « L’Éclatante Victoire de Sarrebruck ».
Au milieu, l’Empereur, dans une apothéose
Bleue et jaune, s’en va raide, sur son dada.
Et encore avec « Les Rages de Césars » où « l’Empereur est soûl de ses vingt ans d’orgie ». On trouve chez Rimbaud d’autres évocations du conflit dans « Le Mal », « Le Dormeur du val »*, « Le Rêve de Bismarck ». Cette guerre de 1870 aura surtout attisé chez lui le goût de l’aventure et des fugues, sa quête viscérale de « liberté libre » (→ Izambard), avec ces sentiments contradictoires d’admiration-répulsion que bien des Français éprouvent alors à l’égard du puissant Reich. Quelques années plus tard, en février 1875, Rimbaud ira à Stuttgart se perfectionner dans la langue de Goethe.